Souvenirs lointains.

Tout le monde a un instant de faiblesse un jour ou l'autre, qu'on le veuille ou non.
La plupart du temps, on ne s'y attend pas, cet instant arrive sans nous prévenir, nous mettant dans tous nos états.
N'étant pas habitué, on cherche du regard une bouée, à laquelle on peut facilement s'y accrocher.

L'astre du jour se levait à un rythme régulier, comme s'il suivait un métronome. Aux alentours le chant des oiseaux se réveillant se faisait de plus en plus fort. Attrape-Nauges s'étira de tout son long avant de faire une courte toilette. Aujourd'hui, ce n'était pas un jour spécial, ni rien de tout cela. C'était une journée comme les autres. Une journée où il devait, une fois de plus, faire son devoir de Guerrier. Le matou gris tigré aimait ça. C'était dans son sang à vrai dire. Comme s'il avait été créé pour ça.

Sortant de la tannière des Guerriers, il salua poliment tous ceux qu'il croisa jusqu'au tas de gibier. Le voyant pas très, très plein, Attrape s'abstena de se nourrir, préférant laisser les quelques oiseaux et souris aux Reines et aux chatons. Ils en avaient plus besoin que lui. La chasse allait commencer.

Attrape-Nuages avait tué deux souris et un mulot qu'il savoura en un temps recors. La chair était si fraiche, si délicieuse, comment ne pas s'en passer? Se léchant les babines, le matou observait au loin l'horizon. Tout avait l'air si calme si paisible. Rien au monde pouvait déranger cette acalmie éternelle. La lumière dorée du soleil se réflétait dans un trou d'eau non loin du rocher où il était assis.

Se levant, il s'arrêta devant l'antre d'Équinoxe Printanière. Le Guerrier senti quelqu'un approcher, comme au bon vieux temps. Pas n'importe qui. C'était une chatte qui le connaissait mieux que personne. Kyrielle d'Acacias. Sa soeur unique. Sa seule famille. Il la laissa s'approcher, sentant qu'elle avait le coeur lourd d'émotions. Les paroles de sa soeur résonnaient encore dans sa tête, comme si l'histoire ne c'était jamais terminée.

_' Labyrinthe du Pégase !? C'est moi ta soeur. Oui , je précise , au cas où tu aurais oublié. Pourquoi on ne se parle plus ? Pourquoi on se croise si rarement alors que nous sommes du même Clan. J'ai l'impression de te perdre... Tu me manques tellement, ton regard s'enfonçant dans le mien pour me dire que jamais nous ne serons séparé me manque , ton pelage doux contre le mien. Oh et par dessus le tout , ton odeur si protectrice. Tu me manques tellement. Est-ce... Est-ce que j'ai fait quelque chose ? T'ais-je déçu ? Mentit ? Ou même trahit d'une façon ou d'une autre ?

Que répondre? Que dire? C'était vrai, qu'ils ne se parlaient plus et qu'ils ne se voyaient plus par la même occasion. Et tout ça, depuis que leurs entraînements respectifs avaient débutés. Il se retourna vers elle, l'air doux, l'air triste. Des larmes tombaient sur le sol comme tombent des soldats tachés de sang au combat. Le coeur du matou se gonfla de chagrin lui aussi. Elle lui manquait.

- Viens. Viens avec moi, seulement nous deux, allons n'importe où, hors de ce camp, de ces activités, seulement nous deux, entre frère et soeur. Allez à un endroit .. comme ça, du tac au tac ! ... La grotte perdue ? Personne n'irait là-bas pour chasser ! Et puis , si elle est perdue... Je veux qu'on se retrouve.

Se retrouver. Ses mots firent frissoner le Guerrier, comme si il y était encore. Ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas parler à sa soeur. Tellement longtemps qu'il ne lui avait rien confié. Si longtemps qu'il ne le reconnaissait à peine. Attrape-Nuages s'approcha de la chatte calico, un faible sourire sur les lèvres. Il avait le regard perdu dans le néant, fixant le pelage de la Guérisseuse.

En ce moment même, il aurait voulu figer le temps. Afin que jamais il ne s'évanouisse. Kyrielle d'Acacias lui manquait tant depuis sa mort. Une seconde. Attrape-Nuages senti de nouveau son odeur. Lui. Sombre Secret. Une seconde après, sa soeur roulait sur le sable comme une simple poupée de chifon.

Il se laissa tombé sur le sol encore humide de la rosée du matin. Faible et impuissant. Ses souvenirs le hantait. Équinoxe Printanière ressemblait trop à sa soeur. Ça lui brisait tant le coeur de la voir, elle. De ses yeux d'ambre, il la supplia intérieurement de l'aider. D'appaiser ses souffrances. De le libérer.

ouate · ; **ouate** de **phoque** ?

Segadus 0n Jälestusväärne ; confusion.
« croire que rêver c'est bien, croire que tuer c'est mal. mais ou ce monde de préjugés nous mène-t-il ? »

Équinoxe Printanière sortait de son antre par ce matin ensoleillé. Le camp était encore endormi. Elle aimait à se réveiller avant tout le monde, devançant l’aurore et les chasseurs qui s’apprêtaient à partir en patrouille. Elle aimait se lever en même temps que le soleil qui réchauffait, dans la fraîcheur matinale, sa fourrure et ses membres encore engourdis de sommeil. Ainsi donc, comme chaque matin, l’astre en feu se levant peu à peu, elle se pourlécha les babines et se dirigea d’un pas lent et détendu vers la réserve de gibier. Elle constata qu’elle était presque vide et se promit d’en faire la réflexion aux chasseurs. La chatte au pelage écaille se pencha, saisit une fauvette entre ses dents aiguisées et décida de s’allonger non loin de son antre plutôt que d’y rentrer comme à son habitude pour déguster son petit déjeuner. Elle commença à plumer le frêle oiseau humide qui s’était raidit avec le froid de la nuit. Les plumes brunes volaient partout autour d’elle et laissaient un goût âpre dans sa bouche. Puis elle put – enfin ! – planter ses dents dans la chair molle et fraîche du volatile. Elle finissait à peine de manger que le camp commençait à s’éveiller. Elle grogna, sa bonne humeur déjà envolée et commença à regagner sa tanière. Elle y était presque rentrée lorsqu’une voix qu’elle connaissait bien la retint. Elle se retourna. Attrape-Nuages se tenait devant elle, tenant un discours incompréhensible, les yeux embués de larmes. « … entre frère et sœur. Aller à un endroit… comme ça, du tac au tac ! La grotte perdue ? Personne n’irait là-bas pour chasser ! Et puis, si elle est perdue… Je veux qu’on se retrouve. » Premièrement, Équinoxe Printanière n’avait jamais été à l’aise en compagnie de ce matou. Toujours, dès qu’elle le croisait, elle se sentait obligée de fuir son regard, sans savoir pourquoi. Elle qui, d’ordinaire, était si grande gueule et prête à tout pour faire valoir ce qu’elle pensait ! Le discours incompréhensible que tenait le chat devant elle la laissait perplexe. Peut-être une maladie étrange le rongeait-il ? Elle s’apprêtait à prendre la parole pour s’assurer qu’il ne délirait pas, lorsqu’il s’affaissa. Il tomba comme un masse sur le sol poussiéreux et encore humide. Elle se précipita pour lui fournir de l’aide. En jetant un œil par-dessus le corps du mâle, elle s’aperçut que le silence était revenu dans le camp. Tout le monde était parti en patrouille ou s’était recouché. Ils étaient parfaitement seuls. Pour la première fois, les yeux de la chatte écaille croisèrent ceux d’Attrape-Nuages. Elle pu constater qu’ils étaient de couleur solaire, et que la pupille était cernée d’un vert pâle étrange.
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Catho · *Chatotique* **Catholique** (a)

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